Sur le blog, je vous ai déjà appris à réaliser vos savons avec la technique du melt and pour, mais honnêtement, quoi de mieux que de réaliser son savon de A à Z ? Je vous décortique la saponification à froid dans cet article, après l’avoir lu, vous aurez toutes les cartes en main pour vous la péter auprès de tout le monde avec vos savons parfaits !

Avant tout, je tiens à préciser que je ne suis pas une professionnelle et que mes conseils sont le fruit d’une longue documentation de plusieurs mois. Si vous avez des doutes, faites des recherches et renseignez vous personnellement, je peux aussi répondre à vos questions avec plaisir ! Sur ce, bonne lecture, j’espère vous éclairer un peu avec cet article bien rempli !

 

Qu’est ce que la saponification à froid ?

La saponification à froid est un savoir-faire français pratiqué depuis des années et des années par nos artisans. C’est la méthode de fabrication de savons la plus brute et la plus respectueuse des produits qu’il existe. Le savon est le résultat de la réaction chimique naturelle de la rencontre entre les huiles végétales et la soude caustique. La soude incorporée aux huiles va les « manger » jusqu’à épuisement soit des huiles, soit de la soude. Ils se transforment ainsi en glycérine et en savon. La saponification à froid permet de créer des savons naturellement riches en glycérine grâce au seul pouvoir de la chimie – si j’avais su j’aurais suivi en cours. « A froid » parce que l’on utilise aucune source de chaleur externe pour les fabriquer, c’est la réaction naturelle qui va créer sa propre chaleur lors du processus de saponification.

La différence avec les autres savons donc, c’est que ceux-ci sont faits de glycérine naturelle, qu’ils ne contiennent rien d’autre que des ingrédients cleans et sains, qu’ils apportent à notre peau douceur et hydratation grâce à la glycérine et nutrition et protection grâce à la part de graisses insaponifiables présentes dans les huiles que la soude ne peut attaquer. Les savons industriels sont la plupart du temps faits à base de préparation de savon toute faite – comprendre bien dégueu – et sont plus dangereux pour la peau qu’autre chose (je vous en parlerais dans un article tiens, ça devrait vous plaire les dessous du savon « de Marseille »).

Bon maintenant, pourquoi faire son savon soi même ? Il existe des dizaines de petites marques sympas qui font des savons tout à fait réglos et plutôt très sympas pour notre peau, je pense à Clémence et Vivien ou aux savons de Gaiia. La fabrication de savons à la maison, ça a été pour moi la suite logique de tous mes mois de tambouille à faire des crèmes, des huiles, des masques et tout le blabla. A un moment on a envie d’aller toujours plus loin et la saponification à froid est franchement un défi de taille très excitant ! On se découvre des talents de chimiste à chaque nouveau savon, c’est bon pour l’égo, on peut se la péter et on devient le spécialiste des savons dans sa famille et dans son cercle d’amis. Bon par contre oui, on parlera plus de vous que sous le nom de « la fille qui fait des savons là ». Au delà de ça, les savons maison nous permettent de les personnaliser à l’infini. Ceux que l’on trouve sur le marché actuellement sont très bien, mais parfois notre peau a des besoins bien spécifiques auxquels on ne répond pas toujours dans les rayons. On vend rarement un savon moche qui pue même si il est terriblement efficace malheureusement, alors le faire soi même est la solution pour créer des associations d’ingrédients uniques pour le bonheur de notre peau. La créativité est donc au rendez-vous aussi. Dernier point essentiel, parlons argent. Je vais pas épiloguer : votre porte-monnaie vous remerciera. Le seul investissement, ce sont les ingrédients de base, ensuite une fois quelques savons fabriqués, tout est amorti. Par exemple, un savon fait avec des huiles que l’on trouve dans le commerce, un peu d’argile et d’huiles essentielles te reviendra à 3€ et des poussières…les 700 grammes. Les chiffres parlent tout seuls je pense ! Allez, suis moi pour apprendre les bases maintenant que je t’ai convaincu !

 

Par où commencer ?

Ingrédients de base

Un savon saponifié à froid se compose de 3 ingrédients indispensables : des huiles ou beurres végétaux, de l’eau et de la soude caustique. Il faut maîtriser chacun de ces ingrédients pour créer un savon digne de ce nom.

Se renseigner sur les huiles et les connaître est nécessaire. Bien qu’elles aient le nom d’huile ou beurre, elles ont toutes des propriétés différentes et surtout un rôle particulier dans la saponification.
Parlons des huiles au pouvoir lavant et moussant : ce sont celles qui contiennent des acides gras saturés lauriques et myristiques ça a l’air compliqué comme ça je sais. Vous aurez compris que ce sont celles qui vont nous permettre de créer un savon qui lave vraiment et qui produit une belle mousse. Dans l’idéal, elles doivent composer 20 à 30% du mélange d’huiles. Liste non exhaustive de ces huiles dites « solides » ou beurres : huile de coco, coprah, babassu, baies de laurier, beurre de murumuru et de tucuma.

Les huiles et beurres riches en acides gras saturés palmitiques et stéariques assurent la tenue et l’onctuosité de la mousse. Il est plus agréable d’utiliser un savon qui mousse, c’est surtout psychologique, sinon, on a l’impression qu’il ne lave grand chose. Parmi ces huiles et beurres : huile de palme, baobab, beurre de cacao, kokum, karité, cupuaçu et Kpangnan.

Notez que tous les acides gras saturés assurent la dureté du savon, c’est à dire un savon bien solide, qui ne ramollit pas et qui ne fond pas trop vite. Toutes les huiles et beurres cités précédemment sont donc indispensables pour qu’un savon ait une bonne tenue. Ils doivent, au total, représenter 40 à 60% de la composition de la base huileuse.

Pour le reste du savon, on utilisera des huiles végétales liquides riches en acides gras mono- et poly-insaturés oléiques et linoléiques pour leurs propriétés sur la peau. Elles n’apportent généralement rien au processus de saponification en lui même mais sont des bijoux pour notre peau, on les choisit en fonction de nos besoins. Liste non exhaustive : huile d’abricot, amande douce, camélia, macadamia, noisette, son de riz, argan, avocat, pépins de raisin, sésame, carthame, chanvre, coton, onagre, melon, rose musquée, cameline, bourrache. Attention, certaines de ces huiles ont tendance à rancir, ce qui endommagera les propriétés et l’allure de notre savon, on se renseigne donc et on les utilise à 15% maximum du total d’huiles.

Mention spéciale pour l’huile d’olive. Elle contient, comme les huiles citées précédemment, des acides mono-instaurés oléiques, mais ce qui fait sa différence, c’est qu’elle permet d’obtenir des savons durs. Elle peut donc être utilisé en grande partie dans la confection des savons, voir à 100%. On l’aime pour sa douceur et sa facilité d’utilisation. Personnellement, j’aime l’utiliser à hauteur de 30 ou 40% dans mes préparations huileuses.

L’huile de ricin est elle aussi une huile à part entière. Associée à une huile laurique, elle apporte une mousse très onctueuse, stable et agréable ainsi qu’une grande douceur au savon. On n’en utilise que 15% maximum pour éviter un savon trop mou.

 

Pour vos huiles et beurres, je vous conseille grandement d’acheter ceux de la marque Naissance ! Ce sont ceux que j’utilise dans tous mes savons, le rapport qualité/prix est excellent et vous pouvez les acheter en grande quantité, bien pratique quand on se lance dans l’aventure de la saponification.

 

Tournons nous maintenant vers la soude. Plusieurs possibilités s’offrent à nous : la soude caustique pure ou la lessive de soude. Attention à ne pas confondre avec les cristaux de soude ou le bicarbonate, ceux-ci n’auront aucun effet sur la saponification et votre savon ne prendra jamais – j’ai fait l’erreur une fois. On trouve la soude dans toutes les grandes surfaces ou magasins de bricolage.

Si on choisit d’utiliser la soude caustique pure en perles, on doit s’assurer qu’elle est composée à 100% de soude, et rien d’autre : son symbole est NaOH, il doit bien être présent sur l’étiquette. L’utilisation de la soude caustique pure est dangereuse. Pour s’en servir, il faudra la verser dans notre eau (ou autre liquide), je dis bien VERSER LA SOUDE DANS L’EAU, et pas l’inverse, sinon réaction chimique indésirable. Au contact avec l’eau, elle va se dissoudre et produire une très forte chaleur. Veillez à ne pas respirer les vapeurs et à bien ventiler la pièce. Pour les quantités à utiliser, je vous conseille de simplement vous référer aux résultats des calculateurs, dont je vous explique l’utilisation plus bas.

La lessive de soude est l’option facilité et sécurité. Déjà réduite dans l’eau à 30% ou 31% en général, elle permet une utilisation plus simple et plus rapide. Il suffira de la peser en fonction du grammage indiqué par le calculateur pour avoir la bonne quantité. Elle est très pratique dans la réalisation de savons simples, mais limite les possibilités lorsque l’on veut remplacer l’eau par du lait, une infusion ou un jus.

 

Dernier ingrédient indispensable donc : un liquide aqueux. Il va nous permettre de réaliser la réduction de soude si on a choisit de l’utiliser sous sa forme pure. On peut tout à fait remplacer l’eau par un autre liquide, comme cité juste ci dessus, du lait, des jus de fruits, des hydrolats ou des infusions. Pour tous les liquides sensibles comme les laits ou jus, qui sont riches en sucres, il est préférable de les peser et de les congeler avant de dissoudre la soude dedans. Simplement car la chaleur produite par la réaction chimique risque d’endommager le liquide et de caraméliser les sucres, le mélange aura brunit et n’aura pas une odeur très agréable. Les propriétés du liquide seront aussi détruites. Les congeler dans des petits bacs à glaçons ou des récipients permet de réguler la température pour qu’elle ne monte pas trop rapidement.
Cependant, pour vos premiers savons, je vous conseille grandement de vous contenter de l’eau. Il faut d’abord maîtriser les bases avant de se lancer dans l’inconnu de la réduction de soude au lait de chèvre. Comme pour la quantité de soude à utiliser, c’est le calculateur qui va nous l’indiquer.

 

Le surgraissage

Avant de parler calculs, il faut d’abord comprendre le système du surgraissage et à quoi il sert en somme. Vous avez certainement déjà vu de nombreux savons avec la mention « 8% surgras », et bien c’est ça le surgraissage – ça parait logique. En fait, au début de l’article, je vous expliquais que la saponification s’arrêtait à l’épuisement de la quantité de soude ou d’huiles. Le but est de faire des savons agréables pour la peau, il ne doit donc pas y avoir plus de soude que d’huiles, sinon il en restera dans notre savon et il sera caustique. Créer un savon avec une proportion égale de soude et d’huile n’aura pas de grande utilité pour notre peau, il sera très décapant. L’intérêt est donc de laisser une quantité d’huiles non saponifiées dans le savon pour l’adoucir et apporter nutrition et douceur à la peau : le taux de surgraissage est idéal entre 7 et 10% en général. J’espère que vous m’avez suivie.
Pour ce faire, il y a deux possibilités. On ajuste la quantité de soude pour atteindre le pourcentage de surgraissage désiré grâce au calculateur (ne vous en faites pas j’y viens!). Plus on met de soude, plus le taux de surgraissage est faible, moins on en met, plus il est élevé et donc bon pour la peau.
La deuxième méthode est d’ajouter une huile à la fin de la préparation du savon, c’est ce que l’on appelle le surgraissage « à la trace ». Il faudra aussi se fier au calculateur, qui vous indiquera la quantité de soude à ajouter en fonction du pourcentage d’huiles que vous souhaitez ajouter à la trace et en fonction du taux total de surgraissage du savon désiré. Les ajouts d’huile à la trace préservent ses bienfaits, elles ne sont pas saponifiées aussi brutalement que les autres, on peut donc se permettre d’ajouter des huiles précieuses aux propriétés magiques.

 

Les outils de calcul

Ca y est on parle enfin des calculateurs ! La saponification étant une méthode assez délicate, les calculs le sont aussi et en tant que débutants, il ne vaut mieux pas s’y risquer, on a la chance d’avoir quelques calculateurs à notre service. Pour information, chaque huile a son propre indice de saponification, une donnée qui permet de savoir quelle proportion de soude utiliser. Il est très compliqué et surtout très long de calculer une formule avec plusieurs huiles, donc plusieurs indices de saponification. Avant d’utiliser le calculateur, on établit une petite recette de notre phase huileuse. C’est le calculateur qui va se charger de calculer les proportions de soude et d’eau à ajouter mais qui va aussi nous indiquer les propriétés de notre savon.

Maintenant, quels calculateurs de saponification utiliser ? Il y a du choix sur le net, mais je vous conseillerai d’en combiner deux. Deux, déjà pour vérifier que les résultats sont à peu près équivalent et aussi car certains nous donnent plus d’informations que d’autres.

Pour vérifier si ma recette est faisable et que mon savon aura les propriétés que je recherche, j’utilise SoapCalc (lisez mes explications avant de cliquer sur le lien, vous allez être totalement découragées sinon, le site est vraiment moche et en anglais qui plus est).

Faire son savon soi-même : la saponification à froid

  1. Cochez soude NaOH
  2. Cochez l’unité de mesure en grammes et ajoutez la quantité d’huiles que vous voulez utiliser
  3. Cochez Lye Concentration et ajoutez la concentration de votre réduction de soude (selon celle écrite sur votre bouteille de lessive de soude ou entre 30 et 31% si vous utilisez de la soude pure)
  4. Dans Super Fat, ajoutez le taux de surgraissage que vous voulez pour votre savon
  5. Dans la liste défilante « Oils, Butters and Waxes » ajoutez chacune des huiles de votre recette, elles apparaitront dans la colonne à côté.
  6. Cochez % ou grammes selon la façon dont vous voulez entrer vos proportions d’huiles et ajoutez les quantités d’huiles, le total doit bien être de 100% si vous les entrez en pourcentages évidemment
  7. Cliquez sur « Calculate Recipe »
  8. Dans la colonne All de « Soap Qualities and Fatty Acids » tout à gauche, vous pouvez maintenant voir les propriétés de votre savon : dureté, pouvoir lavant, douceur sur la peau, pouvoir moussant, texture crémeuse de la mousse, iodine et INS. Passez votre souris sur chaque caractéristique, il apparait un fourchette : le nombre qui se trouve dans votre colonne « All » doit être compris entre ces nombres. Plus haut il sera, plus dur, lavant, crémeux etc votre savon sera. A présent vous pouvez modifier les quantités de vos huiles pour faire varier ces nombres et obtenir les caractéristiques que vous désirez pour votre savon, n’oubliez pas de cliquer sur « Calculate Recipe » à chaque modification
  9. Une fois que vous avez obtenu le savon qui vous correspond, cliquez sur « View or Print Recipe », une nouvelle fenêtre s’ouvre

Faire son savon soi-même : la saponification à froid

En haut, vous retrouvez le poids total de vos huiles, le taux de surgraissage et la concentration de votre soude.
Dans le tableau en dessous s’affichent les quantités d’eau et de soude à utiliser. Si vous utilisez de la lessive de soude, il suffit d’ajouter les deux résultats, cela vous donnera le poids de lessive à utiliser.
Tout en bas, vous retrouvez également les propriétés de votre savon, et à côté la proportion des fameux acides dont je vous ai parlé précédemment.

SoapCalc est le meilleur outil pour s’assurer de la bonne composition de nos recettes et des propriétés de notre futur savon. Il nous permet aussi de savoir quelle quantité d’eau et de soude utiliser.

Cependant, pour être sûr et certain des quantités, je vous conseille d’utiliser le calculateur de saponification de Aroma-zone. Parfois mieux vaut y regarder à deux fois, une erreur de frappe est vite arrivée. Le calculateur Aroma-zone permet également de calculer le taux de surgraissage à la trace de notre savon, si on en désire un, ce qui est impossible à faire avec SoapCalc.

Faire son savon soi-même : la saponification à froid

  1. Comme pour SoapCalc, on ajoute chaque huile ou beurre et on indique la quantité en grammes
  2. La quantité totale de la recette s’affiche en dessous
  3. Choisissez quel type de soude vous souhaitez utiliser. Si vous utilisez de la lessive de soude, indiquez sa concentration (toujours celle présente sur la bouteille), si vous utilisez de la soude pure, vous n’avez rien à indiquer
  4. Pour finir, si vous souhaitez ajouter une huile en surgraissage à la trace, indiquez combien de pourcentages sur le total de vos huiles vous voulez ajouter
  5. Cliquez sur « Voir les résultats »

Faire son savon soi-même : la saponification à froid

  • Pour un savon sans surgraissage à la trace : vous retrouvez les huiles, leur quantité, la quantité totale, la lessive utilisée et Aroma-zone vous spécifie que vous n’avez pas ajouté d’huile en surgraissage à la trace et vous conseille un taux de surgraissage de 8% minimum. En dessous s’affiche un tableau : dans la deuxième colonne, vous pouvez voir la quantité de soude nécessaire en fonction du taux de surgraissage désiré, qui apparait dans la troisième colonne. Repérez le taux de surgraissage que vous aviez saisi sur SoapCalc et comparez les données, si elles sont égales, vous avez tout compris ! Dans le tableau juste en dessous s’affiche une fourchette de quantité d’eau à utiliser, référez vous à la moyenne et comparez la aussi à celle que vous avez obtenu avec SoapCalc. Si vous utilisez de la lessive de soude, la quantité s’affichera dans la deuxième colonne également, il faudra comparer les résultats de la même façon.

Faire son savon soi-même : la saponification à froid

  • Pour un savon avec surgraissage à la trace : les mêmes données apparaissent, en plus s’affiche le taux de surgraissage additionnel que vous désirez, avec la quantité à ajouter en grammes. Dans le tableau en dessous, il suffit de choisir le taux de surgraissage total désiré pour notre savon et de se référer à la quantité de soude nécessaire associée. On peut voir que la réduction de soude est de 6% et que l’on y ajoute simplement le taux de surgraissage à la trace de 2% que l’on a mentionné plus tôt, ce qui nous donne un surgraissage total de 8%. Pour la quantité d’eau, une fourchette s’affiche, et on choisit la moyenne. Vérifiez que les quantités correspondent à quelques décimales près à celles obtenues sur SoapCalc

Une fois toutes les vérifications effectuées, on a ENFIN notre recette finale de savon, alors on screen ou on note dans un coin pour ne perdre aucune donnée. A vrai dire, le calcul de saponification est le seul point un peu dérangeant dans la fabrication de savons au début. Une fois que l’on a appris à se servir de ces outils, tout va plus vite ! Prenez votre mal en patience !

 

Les ajouts

Maintenant que le méchant sujet est passé, on peut parler ajouts et créativité ! Avant de vous faire toute la liste de ce que l’on peut ajouter à nos savons, notez que tous les ajouts se font à la fin de notre préparation, au moment de la fameuse trace (rendez-vous plus loin dans l’article pour le pas à pas). Alors on peut se faire plaisir et ajouter :

  • des huiles et beurres : chose que l’on a vu pour le surgraissage de notre savon (je sais que t’as pas oublié ce passage traumatisant)
  • des micas et oxydes pour colorer
  • de l’argile de toutes sortes pour colorer et apporter ses propriétés
  • des colorants végétaux comme le charbon activé, le cacao en poudre, la spiruline, la poudre d’ortie, le curcuma
  • des huiles essentielles pour leurs vertus et leur odeur : à ajouter entre 1 et 5% du poids total des huiles (petit produit en croix à faire, et n’oubliez pas qu’un gramme d’huile essentielle, c’est à peu près 40 gouttes). Certaines tiennent mieux à la saponification que d’autres, évitez celles aux agrumes, l’odeur ne sera quasiment pas présente à faible pourcentage
  • des fragrances : je ne conseille pas celle de chez Aroma-zone dont l’odeur est quasi inexistante dans le savon final, mais il existe plein de sites où vous pouvez vous en procurer des spéciales saponification pour pas très cher
  • des exfoliants comme le marc de café, la cannelle, le sable (en petite quantité), les graines de pavot, flocons d’avoine et autres exfoliants sortis de votre imagination
  • des fleurs, des plantes séchées pour le côté esthétique
  • des purées de fruits et légumes : je ne conseille qu’aux expérimentées, pour en ajouter, il est conseillé de diminuer la quantité d’eau dans la réduction de soude
  • du miel ou du sirop d’agave pour le côté hydratant : attention, ils ont tendance à faire monter la température du savon lors de la saponification, n’y allez pas à trop haute dose !

En gros, là est l’avantage de la saponification à froid, presque tout est permis, il n’y plus de limite à votre créativité et vos envies ! Pour vos premiers savons, je vous conseille quand même de faire simple pour ne pas vous retrouver débordé dans vos ajouts au moment de la trace. Certains ajouts, comme les huiles essentielles accélèrent la trace, la pâte devient alors de plus en plus épaisse si l’on attend trop, autant rester concentré et faire les choses bien !

 

Le matériel nécessaire

Je vous fais une petite liste, ce sera plus simple :

  • un grand récipient résistant à la chaleur et une casserole ou poêle profonde pour faire fondre les beurres et huiles solides au bain-marie
  • un récipient type Pyrex en verre résistant à la chaleur pour diluer la soude dans l’eau ou verser la lessive de soude
  • un grand récipient en verre ou plastique épais pour les huiles liquides et ensuite pour la préparation de la pâte à savon
  • des petits bols pour peser les ajouts
  • une balance précise
  • des cuillères, une spatule et autres ustensiles à avoir à portée de main
  • un mixeur plongeur, quasiment indispensable pour mélanger la pâte à savon, sinon une spatule, des muscles et quelques heures devant soi
  • un moule à savon, des moules en silicone
  • des gants
  • des vêtements qui ne craignent vraiment rien et qui couvrent bien

 

Mesures de sécurité

La soude est vraiment un produit qu’il ne faut pas utiliser à la légère, d’où la nécessité de bien se couvrir pour qu’elle n’agresse pas notre peau. Veillez à faire attention aux projections lors de la préparation de la pâte, vous pouvez même porter des lunettes de protection si vous savez que vous n’êtes pas très douées. Ayez toujours une bouteille de vinaigre blanc à portée de main en cas de projection, il suffit de rincer avec pour éviter les brûlures et toute corrosion.
Le matériel que vous utilisez en saponification ne doit pas être utilisé pour autre chose si vous n’êtes pas sûrs de pouvoir bien le nettoyer après utilisation. Faites tremper vos ustensiles dans de l’eau chaude savonnée avec du vinaigre blanc pour éliminer toutes les traces de soude et nettoyez les quelques heures après.

Si vous êtes arrivés jusqu’ici, vous êtes maintenant parés pour réaliser votre savon ! Félicitations, on passe à la pratique !

 

Pas à pas

  • Une fois la recette et les calculs faits, je prépare mon plan de travail avec tous les ingrédients et le matériel dont j’aurai besoin et je me pare de ma plus belle tenue de savonnière
  • Je pèse tous mes ingrédients : les huiles liquides dans mon grand récipient qui me servira à mélanger ma préparation finale, l’eau dans le récipient en verre, la soude dans un verre, les huiles et beurres solides dans un récipient adapté au bain-marie, mes ajouts dans des petits bols. Je les garde tous bien sous la main prêts à être utilisés
  • Je dissous la soude dans l’eau en la versant minutieusement, je mélange doucement avec un bâton ou un ustensile résistant à la chaleur. Le mélange va commencer à chauffer très fort et à produire une légère vapeur, les perles de soude vont fondre petit à petit. Je la laisse ainsi refroidir de côté. Si j’utilise un autre liquide que de l’eau, je le place, comme dit précédemment, au congélateur et dissous la soude dans mes glaçons de la même façon que l’eau. Si j’utilise de la lessive de soude, je n’ai qu’à la verser dans mon récipient, elle est déjà prête pour la préparation.Faire son savon soi-même : la saponification à froid
  • Je prépare mon bain-marie et y fait fondre mes huiles et beurres
  • Une fois fondus, je les ajoute à mes huiles liquides dans le grand récipient et je laisse refroidir
  • Lorsque mon mélange de soude et que mes huiles ont baissé en température, je peux ajouter ma réduction de soude aux huiles. Je fais bien attention et je mélange avec une spatule au débutFaire son savon soi-même : la saponification à froid
  • Je peux sortir mon mixeur et le plonger dans ma pâte à savon encore liquide pour tout mélanger. Je mixe pendant quelques minutes en surveillant la texture de la pâte et la fameuse trace. Je sais qu’elle est atteinte lorsque quand je relève le mixeur, une légère trace reste à la surface de la pâte. Il ne faut pas attendre que la trace soit trop franche pour faire les ajouts, sinon la pâte sera difficile à travailler. Une fois la trace observée, je retire mon mixeur du récipient et je reprends ma spatuleFaire son savon soi-même : la saponification à froid
  • J’ajoute mes ajouts – ahahaha c’est drôle – un par un en mélangeant bien entre chaque ingrédient. Je me dépêche car pendant ce temps, chaque ajout accélère la trace
  • Une fois tous les ajouts faits, je plonge le mixeur une dernière fois dans la pâte pour l’homogénéiser
  • Ma pâte est prête à être coulée dans les moules. Je les pose de préférence sur une surface plane et je verse ma préparation dedans à l’aide d’une spatule
  • Je peux, si je le souhaite, décorer le dessus de mes savons en leur donnant un peu de style avec une cuillère, je laisse parler mon imagination. Sur le dessus, je peux aussi ajouter des fleurs, de l’argile, des flocons d’avoine, bref tout ce qui me passe par la têteFaire son savon soi-même : la saponification à froid
  • Je laisse reposer mon savon pendant 24h dans un endroit ni trop chaud ni trop froid
  • Je les démoule et les coupe si besoin
  • Je les laisse reposer pendant 4 semaines minimum pour la « cure », le temps que la saponification soit terminée et que je puisse les utiliser

 

Après la saponification

Zoom sur la réaction exothermique : après avoir été coulé dans le moule, le savon monte naturellement en température. Ne vous inquiétez pas, c’est tout à fait normal et signe de bonne saponification. Le moule devient alors chaud, personnellement, je l’enroule d’un torchon pour garder cette chaleur. Mais lorsque le savon chauffe trop, il est conseillé d’éviter et de le placer dans un endroit assez frai pour éviter une surchauffe trop importante. Elle peut causer des craquelures sur le savon ou des explosions à l’intérieur. Cela ne remet pas en cause la qualité du savon, sauf lorsque dans ces craquelures on peut observer des petits dépôts de soude, dans ce cas, direction la poubelle ou le placard pour en faire de la lessive.

Faire son savon soi-même : la saponification à froid

La phase de gel apparait lorsque le savon dépasse justement une température limite, ce qui accélère la saponification. Ainsi, le savon va changer de couleur en son milieu et foncer. Ce n’est pas du tout une mauvaise chose et c’est typique des savons coulés dans des grands moules. Pour éviter l’effet pas très esthétique, on peut soit limiter la phase de gel en plaçant le savon au frai, soit l’encourager en gardant la chaleur du savon avec une serviette pour que la phase de gel se répande dans tout le savon. C’est franchement mon péché mignon la phase de gel.

La cure est le processus qui permet au savon de terminer sa saponification. Même après le démoulage, la soude est encore présente en grande quantité, le savon n’est donc pas prêt à être utilisé. Il faut attendre 4 semaines minimum pour pouvoir l’utiliser. On le place dans un endroit sec, sans lumière directe pour qu’il sèche. Notez que les savons faits en majorité d’huile d’olive nécessitent une plus longue cure, d’environ 6 semaines.

Faire son savon soi-même : la saponification à froid

Je crois qu’on en a fini avec cette saponification à froid. Comme vous l’avez lu, c’est un processus très technique qui nécessite une vraie préparation, mais au bout de quelques essais, on se familiarise avec la méthode et cela devient un encore plus grand plaisir de fabriquer ses savons soi-même. Je ne peux que vous conseiller de vous lancer, vous apprendrez encore plus de choses sur les propriétés de chaque ingrédient et vous aurez la fierté de brandir votre petite savonnette en l’air en criant « C’EST MOI QUI L’AI FAIT ! »

Prête à te lancer ?

157 Comments

  1. Ingride GNAMAH Reply

    Salut ! Très instructif merci ! Une petite question ! Comment mélanger la soude si le liquide a déjà congelé ?

    Ingride

  2. Pingback: Savon pour les peaux à problèmes - Naturofeel

  3. Je suis une folle de SAF, je viens de découvrir votre page et j’adore ce que vous faites.
    Je souhaite fortement apprendre de vous.

    Merci et bonne continuation
    Aline

  4. Pingback: Saponification à froid : LA liste ultime de ressources pour enfin se lancer !

  5. Pingback: Recette du cake vaisselle sans tensioactifs - Atelier Ricochet

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